Sur les traces de l'anneau...

August 9th, 2013

« Kia ora, Hare Mai a Aotearoa ». Bonjour et bienvenue en Nouvelle Zélande, nous dit le pilote en Maori, histoire de nous divertir avant de nous asséner le coup fatal : « Le temps est pluvieux et la température extérieure est de 10°C ». « Faites demi-tour immédiatement et ramenez-nous au soleil », lui répond-on en hurlant dans notre for intérieur… Mais ça ne fonctionne pas et il faut débarquer. On ne va même pas pouvoir frimer avec notre bronzage, obligés de planquer nos jolis corps hâlés sous des couches de polaire et de gore-tex.

Nous avons lu et entendu plein de choses sur le passage des douanes Néo-Zélandaises. En tant que gros producteur mondial de produits laitiers, le pays est un chouïa parano et les contrôles sont légèrement zélés sur tout ce qui pourrait contenir des bactéries venues d’autres contrées. Dans l’aéroport, on a droit à plein de panneaux : « Avez-vous pensé à la pomme au fond de votre sac ? », « Déclarez maintenant avant qu’il ne soit trop tard », « N’essayez pas de nous avoir, nous le saurons »… Réjouissant ! On décide de laisser notre côté rebelle dans la soute, et de tout déclarer, du paquet de biscuits acheté pour grignoter dans l’avion aux chaussures de marche utilisées sur les chemins de rando d’Amérique du sud. Les semelles de ces dernières ont droit à un bain désinfectant, et nos sacs sont consciencieusement scannés. Le mien retient l’attention du douanier qui entreprend de le disséquer. J’ai du mal à contenir un fou rire quand, avec un air inquisiteur, il me fourre sous le nez le sac ziploc où se trouve mon bicarbonate de soude. Suspicieux, il me demande « Et ça, mademoiselle, qu’est-ce que c’est ?!? ». Pour information, le bicarbonate de soude est un médicament naturel qui soigne à merveille les maux d’estomac et les soucis intestinaux. Ah oui, et il se présente sous la forme de poudre blanche !. Je rougis, je baragouine « It is not what you think it is ! It is bicarbonate of soude » et je lui explique les vertus du produit dans mon plus bel anglais. Il scanne une nouvelle fois le sac, discute avec ses collègues et nous laisse finalement partir.

Nous filons chez le loueur où nous avons réservé notre van et prenons possession de notre nouvelle maison. Celle-ci n’est pas très grande, mais bien fonctionnelle. Nous avons une petite kitchenette pour nous faire à manger, de nombreux rangements, 2 possibilités de couchage… Le grand luxe ! Maintenant, il s’agit de faire rouler la mécanique, avec volant à droite et conduite à gauche. Les premiers instants sont vraiment perturbants, j’ai l’impression de me retrouver lors de ma première leçon de conduite. Le premier rond-point est assez surprenant également, tout comme les priorités à gauche. Je vous passe le nombre de fois où je déclenche l’essuie-glace en voulant enclencher le clignotant (ah oui, ça aussi c’est inversé), où ma main droite heurte machinalement la portière en essayant de passer la seconde (ah oui, c’est une automatique !), le nombre de sorties d’intersections où mon copilote me hurle « à gauche !! »… C’est effrayant de constater à quel point nous sommes conditionnés ! Il nous faut à tous les deux quelques centaines de kilomètres pour s’habituer et maitriser nos réflexes, mais on finit par s’acclimater.

Grâce aux bons plans d’une amie alsacienne (merci Pierrette !), qui nous a mis en relation avec une de ses connaissances établie à Christchurch, nous avons ici une base arrière. C’est très pratique, d’autant plus que notre nouvel ami, Mike, est un adepte du tourisme en camping-car et nous donne, étape après étape, ses conseils avisés sur les endroits stratégiques où garer notre van pour la nuit. Le camping sauvage est toléré en Nouvelle Zélande, mais soumis à des règles très strictes. C’est donc une vraie chance que d’avoir les recommandations de Mike, car les lieux de camping gratuits ne sont pas toujours faciles à trouver, les patrouilles fréquentes et les amendes salées, en cas de non-respect des règles.

Nous ne perdons pas de temps à Auckland et mettons immédiatement le cap à l’Ouest, où nous commençons notre road trip par la péninsule de Coromandel. Nous nouons ici notre premier contact avec la campagne Néo-Zélandaise. Sans avoir rien vu du reste du pays, on comprend dès le premier coup d’œil pourquoi celui-ci est tant prisé pour le tournage de films fantastiques. Chaque regard, chaque paysage est un décor parfait. Nous nous baladons dans une vaste forêt, pourvue d’arbres immenses aux formes tarabiscotées et habitée par des oiseaux aux chants plus qu’insolites. Pour vous donner une idée, nous les avons rebaptisés selon leur sonorité : l’oiseau-flûte, l’oiseau-laser-des-années-80, l’oiseau-pièce-de-monnaie-dans-un-parcmètre… (Voici un exemple de spécimen, pour les plus curieux : http://www.youtube.com/watch?v=3KeaBn6-iK4). On ne serait pas étonné, au détour d’un chemin, de croiser un gnome, ou qu’une petite fée vienne voler autour de nous, pour nous confier une mission extraordinaire… Nous arrivons d’ailleurs sur la magnifique plage de Cathedral Cove, utilisée comme lieu de tournage dans Les Chroniques de Narnia. L’aspect positif de voyager en hiver (l’hémisphère sud, les saisons inversées, tout ça…), outre la bruine et les 5°C ambiants, c’est qu’il n’y a personne ! Le brouillard et les gros nuages bas ne font qu’accentuer la magie des lieux. Petit retour à la réalité, le temps d’aller se balader sur la Hot Water Beach, littéralement «  la plage d’eau chaude ». L’immense plage est quasiment vide, hors-mis au loin des enfants qui pataugent en bord de mer, jouant avec des pelles et des seaux et creusant de grands trous dans le sable. En se rapprochant, on constate qu’il s’agit en fait d’adultes… Peut-être ne sommes-nous pas complètement revenus dans la réalité ? Mais si. Hot Water Beach est une plage située sur un terrain volcanique, qui réchauffe les profondeurs. Il suffit donc de creuser un peu pour atteindre de l’eau délicieusement chaude et se confectionner son petit spa privatif. On utilise les seaux pour ajouter de l’eau de mer bien froide quand on tombe sur une source un peu trop chaude. L’eau peut atteindre 60°C par endroits, créant de petits bouillonnements de sable. On s’essaye à l’agréable exercice et barbotons dans notre mini-piscine. C’est moins marrant quand il faut en sortir, se rincer à la douche froide et se rhabiller par 5°C !

Nous partons ensuite vers le sud où nous faisons étape au village de Matamata, plus connu depuis Peter Jackson sous le nom de Hobbiton, ou Hobbitebourg en français. C’est en effet ici que le réalisateur a choisi de faire construire le village des Hobbit et qu’il a établi la Comté, après avoir découvert les lieux lors d’un vol de repérage. On comprend qu’il ait eu ici le coup de foudre, l’endroit est idéal, vert, vallonné, lumineux… Il a juste été soumis à quelques légers remaniements : l’armée Néo-Zélandaise a été sollicitée pour élargir l’accès et bâtir quelques butes de terres supplémentaires et les arbres ont tous été relookés grâce à plusieurs tonnes de feuilles de chênes en fibre de verre made in Taïwan, collées une à une à la main. Le vrai-faux village de Hobbit, ayant servi dans les 3 opus du « Seigneur des Anneaux », puis dans « Le Hobbit », peut se visiter, de manière trèèèèèès encadrée. On est comme des gosses à Eurodisney, en découvrant les nombreux trous de Hobbit. Construits à des échelles différentes, ils permettent ainsi créer l’illusion, au moment du tournage, de la taille des personnages. Nous sommes autorisés à ouvrir certaines portes, mais nous sommes rapidement déçus. Nous ne découvrons que du Placoplatre et du bois de cagette. Les scènes d’intérieur ont toutes été tournées en studio. On termine la visite par une dégustation de bière dans l’authentique auberge du Dragon Vert, construite quant à elle pour les touristes…

Après nous être recueillis devant Cul-de-Sac, la véritable demeure de Frodon et Bilbon Sacquet, et avoir formé notre communauté de l’anneau à nous (constituée de Roro, la cigogne et moi), il ne nous restait plus qu’à accomplir notre mission : détruire la célèbre bague. Nous enfourchons courageusement les 7 chevaux de notre van et nous mettons en route pour le Mordor, alias le Parc National de Tongariro. Comme nous sommes bien plus malins que Frodon, et pour éviter d’enquiquinantes batailles dans la forêt avec des orques, nous décidons de passer par la nationale. Ça va quand même beaucoup plus vite ! La neige nous empêche de marcher réellement sur les traces des Hobbits et de voir toutes les scènes du film, mais une belle rando de 5h à travers le parc nous permet d’apercevoir les portes du Mordor : le Mont Ruapehu. Le temps n’est pas idéal pour se balader, mais il renforce encore une fois le mystère du lieu, morne et envahi par la désolation, tel qu’on se l’imagine. Nous grimpons au plus près du Mont Ngauruhoe, qui a prêté sa silhouette à la Montagne du Destin, le terrible volcan où l’anneau fût forgé et où il doit être détruit. Mission (presque) accomplie !

Bon, c’était bien rigolo de sauver le monde, mais nous préférons laisser cette tâche à Bruce Willis. Nous, on redescend sur terre et direction Wellington, la vibrante capitale du pays, pour une petite virée culturelle.

A très vite pour la suite !

Les photos de cet article se trouvent dans l’album"Nouvelle Zélande", aux rubriques "Matamata" (pour les photos d’Hobbitebourg), "Turangi" (pour celles du Mordor) et "Thames" (pour celles de la péninsule de Coromandel). Soyez indulgents, il s’agit encore de photos prises avec nos téléphones. Nous remplacerons feu-notre-dernier-appareil quand nous serons à Wellington.

 


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