Thaïlande, chapitre 1 : le Nord.

January 9th, 2014

Sawadi Kha (ou Sawadi Khup, si l’on est un homme) et bienvenue en Thaïlande.

Même si les étapes précédentes n’étaient pas en reste sur ce point, le pays du sourire porte bien son nom et ne faillit pas à sa réputation. La Thaïlande nous accueille à bras ouverts. Pas étonnant que le tourisme connaisse un tel succès ici. Les prestations sont plus que correctes, les infrastructures bien plus développées que tout ce que nous avons rencontré dans les autres pays d’Asie et malgré cela, les prix restent très bas !

Chiang Mai est une ville éminemment touristique, mais néanmoins agréable à vivre. Les bars fourmillent et envoient des décibels à pleins tubes jusque tard dans la nuit. Nette rupture avec le calme du Laos et son couvre-feu de 23h ! Autre triste symbole de ce pays, les belles de nuit sont bien présentes dans tous les clubs. Attention aux amateurs, car nous remarquons que souvent se cachent parmi elles les fameux Lady Boy, ces travestis méconnaissables, « plus bonne que la plus bonne de tes copines », pour paraphraser les poètes du groupe NTM.

Nous choisissons une autre manière de terminer l’année en douceur et en câlins et décidons de passer les deux derniers jours de 2013 en compagnie d’éléphants, au Woody’s Camp, un centre de formation de cornacs. Nous commençons par apprendre le vocabulaire de base pour nous adresser à Babar, Céleste, et leurs amis à quatre pattes. « Yok kaaa », pour leur demander de lever la jambe, histoire de pouvoir leur grimper dessus. « Souuuung », pour qu’ils la lèvent plus haut et nous hissent sur leur dos. Trop fastoche. A droite, à gauche, tout droit, etc… Nous apprenons tous les mots thaïs utiles. Après avoir bien révisé, nous pouvons enfourcher ces énormes mammifères, en gardant tout de même précieusement nos notes dans notre manche, en cas de trou de mémoire ! En bonnes pâtes habituées aux touristes, les éléphants se laissent faire. Cela dit, on sent bien que l’on ne maîtrise pas tout et que malgré nos gentilles indications formulées plus ou moins correctement, le pachyderme fait ce qu’il veut.

Le gros avantage de ce site, comparé aux nombreuses promenades à dos d’éléphant proposées dans la région, c’est qu’ici, nous montons les animaux à cru et sans nacelle. Plus authentique, c’est aussi bien plus inconfortable. Le petit tour dans la nature d’une vingtaine de minutes est suffisant pour nos fesses. Un cornac en chef marche à côté de nous, pour éventuellement traduire nos ordres à Cristina, une élégante maman éléphant de 2,6 tonnes. Happy, son bébé de 7 mois, nous suit, encordé à sa mère. Notre balade se termine dans la rivière, où nous avons le loisir de laver les éléphants. Très joueurs, il suffit de les éclabousser pour qu’ils nous répondent avec leur trompe. Cristina et Happy : 1 – Jenny et Roro : 0.

Nous sommes les seuls du groupe à avoir choisi une formule sur deux jours. Ainsi, une fois la journée terminée et les touristes rentrés chez eux, nous passons en coulisses et partons dans la campagne thaïlandaise avec les employés du camp, en quête de bambous et de troncs de bananiers pour nourrir le troupeau. Armés de leurs machettes, les cornacs ratiboisent tout un bosquet en moins de 5 minutes. Un seul coup de coupe-coupe leur suffit à sectionner un tronc entier, quand Roro et moi devons nous y reprendre à dix fois. Consciente de mon incompétence, je préfère concentrer mes efforts sur la réalisation d’un beau reportage photo. Moins fatiguant ! De retour à la ferme, nous débarquons le fruit de nos récoltes. Woody, le patron avec qui nous avons bien sympathisé, nous invite à dîner, puis à dormir chez lui. Nous poursuivons la soirée chez ses amis, autour d’une guitare et de vieux tubes de Scorpion. C’est fou comme la musique (même la mauvaise !) fait figure de langage universel.

Le lendemain, nous remettons en pratique les techniques acquises la veille. Nous passons encore de bons moments avec nos copains à grande trompe et il est temps de repartir, avec de super souvenirs plein la tête. Roro, qui a tellement aimé ces deux jours, ramènera même avec lui un autre souvenir, moins rigolo : des micro-parasites cutanés, refilés par les éléphants. Pas dangereux pour un sou, ils provoquent des ribambelles de petits boutons et de terribles démangeaisons. En toute franchise et en assumant mon égoïsme, j’avoue que je suis bien contente que ce soit lui qui ait chopé ça et pas moi. Alors pour me racheter une conscience, je lui tartine amoureusement de la pommade pendant une semaine, pour venir à bout de ces petites bêtes qui mangent les grosses !

Nous revenons à Chiang Mai quelques heures avant la nouvelle année. Le temps d’acheter deux lanternes en papier à envoyer vers le ciel (une pour nous et une pour tous les gens que nous aimons), la fête bat déjà son plein dans les rues. Les feux d’artifices et autres pétards claquent de partout, parfois à quelques mètres des passants. De plus, les deux tiers des lanternes envoyées finissent sur les fils électriques ou dans les arbres. Niveau sécurité, y’a pas à dire, les Thaïlandais sont au top ! Nous faisons bien attention de choisir un endroit découvert pour envoyer les nôtres, et les faisons décoller, une avant minuit, et une après. Le geste est tout bête, mais c’est très émouvant. Une année magique vient de s’écouler, tandis qu’une autre commence, sous les mêmes auspices. Sur la scène, des groupes locaux reprennent des tubes de Metallica ou AC/DC. Décidemment, le heavy metal a la cote chez les thaïlandais. Sympa à écouter, mais ce n’est pas ce qu’il y a de mieux pour faire la fête jusqu’au bout de la nuit. D‘ailleurs, la place se vide peu à peu. Sages, nous allons nous coucher vers 1h du matin.

Comme tout 1er Janvier qui se respecte, on ne fait RIEN de la journée. Dodo, visionnage de séries, re-dodo, paracétamol (bon d’accord, on n’a pas été si sages que ça) et Burger King pour le dîner. Une vraie journée de vainqueurs ! On se met d’accord sur notre seule bonne résolution : faire encore plus fort en 2014 qu’en 2013 !

Alors on commence dès le 2, avec la mise sur pneus d’un road-trip à moto dans les environs de Chiang Mai. Maintenant que Roro peut postuler chez les Hell’s Angels, nous entreprenons de réaliser une boucle assez mythique, allant jusqu’au village de montagne de Mae Hong Son, avant de revenir à la ville. Bien connu des aficionados de deux-roues, cet itinéraire porte le doux nom de « route des 2000 virages ». En bus, c’est un truc à flanquer le mal des transports aux estomacs les mieux accrochés. Mais le nez au vent, ça passe beaucoup mieux et l'on comprend pourquoi les motards sont si friands de ce genre de route. Le chemin est superbe et on s’amuse énormément. Par moment, la route grimpe tellement que notre engin n’arrive presque plus à suivre et vrombit de toutes ses forces. Nous croisons quelques cyclistes, qui s’entraînent surement pour décrocher le maillot blanc à pois rouges, et nous bénissons l’invention du moteur à explosion !

Une foule d’étapes toutes plus chouettes les unes que les autres ponctuent notre parcours. Nous marquons une première halte dans un village Hmong. Tous ont revêtu leurs habits de fête. Leur nouvel an coïncide avec le nôtre, mais eux le célèbrent sur plusieurs jours. Les sachant timides sur le sujet, nous n’osons pas trop dégainer notre appareil photo. Mais un jeune Hmong inverse les rôles et vient nous demander s’il peut se prendre en photo avec nous ! Il faut dire que nous sommes les seuls blancs. Du coup, on ne se gêne pas pour faire tourner les appareils et remporter de beaux clichés de lui et sa famille. Nous déjeunons ensemble avant de reprendre notre route jusqu’à Pai, où nous nous arrêtons pour la nuit dans un petit bungalow adorable, perdu au milieu des champs.

Le lendemain, programme de visites 100% nature : cascades, grottes et champs de fleurs cultivés par les minorités ethniques locales. La visite de la grotte se fait en compagnie d’une guide de la communauté Lisu, avec une lampe à gaz pour nous éclairer dans l’obscurité. Bien incapable de nous fournir une seule info sur l’histoire de la grotte en elle-même, notre guide est cependant championne pour attirer notre attention sur les roches ou autres édifices de calcaire en forme de grenouille, d’éléphant, de pop-corn, de vaisseau extra-terrestre… On rigole beaucoup et au final, c’est bien moins barbant que de se farcir 2h d’explications géo-spéléologiques !

Nous roulons ensuite jusqu’au village de Ban Rak Thaï, à quelques kilomètres de la frontière birmane. Il règne ici une ambiance de village de Hobbits, avec ces pittoresques bungalows aux volets rouges, éparpillés sur les collines verdoyantes, et ce petit lac de montagne où se reflètent les étoiles. Fondé par des combattants du Yunnan, l’influence chinoise est plus que présente ici : toutes les enseignes sont en mandarin, les restaurants proposent de la cuisine yunnanaise et même le délicieux thé Oolong produit sur place est vendu dans des emballages que les producteurs font venir de Chine ! Résultat : des bus entiers de touristes chinois programment dans leur circuit une nuit ici, dans l’un des deux resorts hors de prix, assez grotesques par rapport à la taille riquiqui du village. Plus modestes et plus discrets, nous préférons les petits bungalows brinquebalants, de l’autre côté du lac. Après une nuit fraiche à remettre en question l’efficacité de l’isolation au papier journal, nous profitons de notre petit-déjeuner en admirant la brume qui se dissipe peu à peu sur le lac.

Puis nous enfourchons notre bolide direction un village de Karen, une minorité birmane réfugiée en Thaïlande, et dont la particularité chez les femmes est de porter ces fameux anneaux qui leur confèrent le sobriquet peu gracieux de « longs cous ». Nous avons entendu beaucoup de choses sur ces villages, souvent dépeints comme des zoos humains. Nous décidons donc d’aller nous faire notre propre opinion, en se promettant de lever le camp si la visite s’avère gênante. Le hameau est complètement perdu dans la forêt, à tel point que nous nous posons plusieurs fois la question de faire demi-tour, avant d’arriver finalement à destination. Plus qu’un jeu de voyeurisme malsain, ce village nous évoque un curieux marché artisanal. Les Karen, émigrés de Birmanie pour fuir les persécutions politiques, n’ont pas la nationalité thaïlandaise. De ce fait, ils n’ont pas le droit de posséder de terres cultivables, pour exercer le métier d’agriculteur qui les faisait vivre dans leur pays. Le seul moyen de subsister reste le tourisme et la vente de leur artisanat. Ainsi, devant chaque maison du village, nous rencontrons un petit stand et une femme Karen en train de tisser une écharpe ou de marteler un bracelet, qu’elle propose ensuite à la vente. Avec les années, elles ont appris quelques mots d’anglais ou de français en côtoyant les touristes et nous pouvons discuter facilement avec plusieurs d’entre elles. Nous apprenons notamment que les anneaux donnent seulement l’illusion d’un cou étiré, puisqu’en vérité, ils reposent sur les clavicules et non sur la colonne vertébrale. Elles peuvent donc les mettre et les enlever comme elles le souhaitent, sans risque pour leur santé, contrairement à la légende urbaine qui raconte que ces femmes meurent en enlevant leurs colliers. Elles nous confient cependant qu’elles les gardent car cela « plait aux touristes », mais également car ils leur permettent de porter des charges plus lourdes sur la tête. Après quelques achats, plus pour se ramener un souvenir de cette rencontre du bout du monde que par sentiment d’obligation, nous repartons heureux d’avoir conversé avec ces femmes, sans l’impression d’avoir joué les voyeurs, mais en restant dubitatifs sur le confort de leur situation.

Nous continuons notre boucle, en passant par le Doi Inthanon, le point culminant du pays, où tous les touristes aiment se prendre en photo. Nous ne dérogeons d’ailleurs pas à la règle. A 2565 mètres d’altitude, surplombant les montagnes environnantes, on s’attend à une vue époustouflante. Mais la saison sèche est synonyme de purée de pois en plaine. Nous jouissons donc d’une vue superbe… sur une mer de nuages. Comme le veut la coutume bouddhiste, nous laissons notre petit mot sur le tissu orange qui sert à envelopper le temple situé au sommet, puis nous redescendons sur Chiang Mai où notre road-trip prend fin.

Le temps de rendre notre moto, nous filons sur Bangkok pour attraper notre avion pour la Birmanie, avant-dernier pays de notre grand voyage. Y trouverons-nous l’authenticité dont tout le monde nous a tant parlé ? Vous le saurez dans le prochain épisode des aventures de Jenny et Roro !

A très bientôt.

Les photos de cet article se trouvent dans l’album "Thaïlande", aux rubriques "Chiang Mai" (pour les photos des éléphants et du réveillon du jour de l’an) et "Mae Hong Son" (pour les photos du road-trip à moto).

 


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3 réponses

  1. Un tatouge sur le bras pour 2014 ???

    Popeye
  2. Coucou les amis du Monde,
    Quelques belles pensées pour vous en 2014 : qu'elle vous soit encore plus belle et généreuse que 2013.
    Nous avons vraiment hâte de vous revoir et finalement, le temps ne passe pas si vite qu'on le dit.
    Nous continuons à compter votre retour en mois...

    Une grosse bise de début d'année et un peu de tristesse car mon agenda magique m'a livré tous ses secrets.
    Et en fin de compte la vie étant recommencement, j'ai repris à janvier 2013, en relisant avec plaisir tes petits mots en essayant moi aussi de faire plus "beau" en 2014.
    A lire très vite la suite de vos très belles aventures.

    Fatiha
  3. Ils sont adorables ces éléphants.....je me disais.....ce fumier-là doit être terrible au jardin....:-))))) je suppose qu'il est inutile que je te demande d'en ramener ??? ha ! ha ! Bizzz, P.

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