Recréer Noël au bout du monde

December 29th, 2013

Bienvenue à Luang Prabang !

Nous arrivons de bon matin et nous subissons un vrai choc thermique en sortant du bus. On doit avoisiner les 5°C. Les pauvres Laotiens se promènent emmitouflés dans des couvertures ou se regroupent autour de feux improvisés dans les ruelles pour se réchauffer… C’est quoi cette arnaque ? Il est censé faire chaud dans ce pays ! Nous apprenons que le Nord du Laos connaît depuis une semaine une vague de froid, le genre coriace et qui n’était pas arrivée depuis 50 ans. Sacré bol de tomber pile-poil cette année-là, surtout un mois après que l’on ait décidé de renvoyer en France tous nos vêtements d’hiver, qui commençaient à peser lourd dans notre sac… On le prend plus avec le sourire qu’avec la goutte au nez : au moins, l’ambiance de Noël se fait moins lointaine.

Nous sommes hébergés chez Marco et Esteban, un couple de français adorables avec qui nous nous étions liés d’amitié lors de notre croisière sur la Baie d’Halong. Employés pour 3 mois dans un très bel hôtel de Luang Prabang, ils nous accueillent dans leur maison, en plein cœur de la ville.

Incontestablement la plus jolie ville du pays, Luang Prabang est d’ailleurs la seule à être classée au patrimoine mondial de l’Unesco. On comprend facilement qu’elle ait été la capitale du royaume du million d’éléphants, jusqu’à ce que Vientiane lui chaparde le titre au XVIème siècle. Elle a su préserver son âme, bien qu’elle soit envahie par les touristes, surtout en cette période de fêtes.

Plus on approche du 24 Décembre et plus l’effervescence se ressent dans les rues. Les Laotiens ne célèbrent absolument pas Noël, mais le nombre de touristes ou d’expatriés à Luang Prabang justifie les décos plus ou moins kitsch que l’on rencontre dans tous les bars, restos, magasins… Le supermarché local propose même de faux sapins déjà décorés pour agrémenter la cheminée. De son côté, le marché artisanal quotidien, chapeauté par la minorité ethnique Hmong, prend des airs de marché de Noël, avec la même cohue et la même difficulté à s’approcher des stands.

Nous passons le réveillon de Noël au restaurant de l’hôtel géré par nos amis, en compagnie d’Alicia et Aurélien, nos tour-du-mondistes tahitiens qui nous ont rejoints pour l’occasion. A défaut d’être en famille pour les fêtes, nous sommes entre amis et c’est très sympa. Le menu est exquis, serpentant entre les saveurs exotiques du Laos et les fondamentaux de la gastronomie française. Bonus petit lutin de Noël : une vraie assiette de fromages français, avec de la vraie baguette qui croustille. Nos papilles sont aux anges.

En lieu de Père Noël, Roro, qui n’a plus qu’à se décolorer la barbe pour être plus vrai que nature, nous distribue les fruits de notre pêche aux cadeaux. La règle : nous devions tous venir au dîner avec un petit présent à offrir. Je reçois de nos amis des sublimes pantoufles laotiennes roses fluo, que vous pourrez apercevoir sur une photo de notre album. Ici, les femmes sortent, font leur marché et vont même se baigner dans le Mekong chaussées ainsi. Une coutume que je préfère leur laisser !

Les jours suivants, je ne sais pas si c’est à cause des fêtes, du froid, ou tout simplement le plaisir de retrouver tous nos amis et d’avoir plein de choses à se raconter, mais nous sommes frappés de flémingite aigüe. Il faut dire que le mode de vie feutré, presque engourdi, du Laos y est sans doute pour quelque chose… Bien qu’appréciable pour sa zen-attitude, on a déjà connu plus stimulant. Tout va très doucement et il faut parfois s’armer de beaucoup de patience et d’humour pour ne pas s’exciter face aux Laotiens et leur rythme d’escargot. Au restaurant par exemple, bien que nous soyons les seuls clients, il n’est pas rare que le serveur, deux minutes après avoir pris notre commande, revienne pour nous demander ce que l’on a commandé car il a oublié en cours de route. Et au moment de nous servir, on s’aperçoit qu’il s’est quand même trompé. Alors on fait avec, en adoptant le même sourire que les autochtones et on « vit la vie comme elle vient », selon un dicton national.

Dans cet esprit de cocooning qui colle si bien à la ville, je m’offre un moment de détente pour comparer le massage vietnamien, à jamais gravé dans ma colonne vertébrale, et la technique laotienne. Première surprise en entrant dans la cabine, point de table de massage mais un matelas à même le sol. Quand je demande à ma praticienne si je dois enlever mes vêtements, elle me tend un t-shirt et un pantalon ample à enfiler. Haute comme 3 pastèques et épaisse comme un grain de riz gluant, elle entame le massage en me pétrissant les muscles avec une force hallucinante. Accroupie à côté de moi, elle s’appuie de tout son poids sur des zones précises d’acupression, jusqu’à m’en couper le souffle. Note pour plus tard : ne plus jamais se fier aux apparences ! Elle entreprend ensuite de me faire faire des exercices d’assouplissement en relevant mes jambes à la perpendiculaire, en les basculant sur le côté, genou plié, puis tendu… Quand elle me retourne sur le ventre pour se mettre debout sur mon dos, puis qu’elle enroule ses jambes autour des miennes, version prise de catch, je dois me mordre les joues pour ne pas rire. Cependant, tout comme après mon expérience au Vietnam, je sors de la séance sur un petit nuage, en voyant s’envoler au loin mes douleurs lombaires.

Après cette petite semaine de pause bien méritée, nous mettons le cap vers la frontière, en écourtant un peu notre séjour au Laos. Nous sacrifions à regret toute une région que nous avions prévu de visiter dans le Nord, mais la vague de froid inédite frappe encore plus fort les montagnes septentrionales et nous ne sommes plus assez équipés.

Direction la Thaïlande, donc, avec de prochaines aventures qui s’annoncent savoureuses. Au programme : un Nouvel An haut en couleur, une nouvelle expédition à moto et une rencontre privilégiée avec le célèbre éléphant d’Asie… La suite en 2014 !

A très bientôt.

Les photos de cet article se trouvent dans l’album "Laos", à la rubrique "Luang Prabang".


Photos (59)

Une réponse

  1. Jamais deux sans trois. je vous recommande un vrai massage thaï avec aussi une gringalette
    PS: le rose te va toujours aussi bien.

Laisser un commentaire

Entrez le code