Kakadu du du, les koalas, les kangourous !

October 27th, 2013

(A chanter à tue-tête sur l’air de « Agadou dou dou, pousse l’ananas et mouds l’café », pour vous mettre dans l’ambiance de notre road-trip)

Les retrouvailles avec nos deux amis, Anto et JG, sont joyeuses, et l’occasion de festoyer d’autant plus grande qu’ils atterrissent en Australie pile-poil le jour de mon anniversaire. Nous célébrons ensemble mon passage dans le club très prisé des trentenaires, autour  d'excellentes pastas préparées de mains de maître par Anto, nommée chef italienne pour l’occasion. Quelques routards de notre auberge se joignent à nous et le Rhum arrivé directement du Duty-Free nous accompagne jusqu’au bout de la nuit. Cadeau en prime de nos deux alsaciens : une bouteille de Picon ©, où comment redonner du goût à la bière et retrouver les petits plaisirs simples qui manquent beaucoup en voyage. Nous passons deux jours à Darwin à nous remettre de notre chouille (hé oui, on n’a plus 20 ans !) en découvrant la ville.

Petite bourgade isolée dans le Top End australien, Darwin n’a pas de grand intérêt touristique. Les plages environnantes sont interdites à cause des méduses et des crocodiles. Aussi, un petit bassin de mer tiède, protégé par un filet anti-méduse, est aménagé au centre-ville. Nous y passons une après-midi. Le soir, nous filons au Mindil Beach Sunset market, un marché nocturne qui a lieu deux fois par semaine et où se rendent tous les habitants de Darwin pour l’apéro ou le diner. Des dizaines et des dizaines de stands se succèdent pour proposer de la nourriture malaysienne, vietnamienne, chinoise, japonaise, polynésienne, thaï…. Nous trouvons même un stand camerounais et, plus classique, d’authentiques burgers australiens ! Faire son choix est un moment difficile, les arômes se mélangent pour former un cocktail de senteurs épicées et chaque vendeur prêche pour sa délicieuse paroisse en proposant des dégustations. Un groupe de jazz assure l’animation sonore. Pour le shopping, cela va des bijoux à l’artisanat aborigène, en passant par des ceintures ou des sacs en peau de crocodile. Les adeptes du kitsch peuvent même faire l’acquisition d’un crâne de croco, pour accompagner la peau d’ours devant la cheminée.

Deux jours sont suffisants pour Darwin. Nous sommes plus intéressés par les parcs nationaux de ses alentours : le Kakadu National Parc et le Lichtfield National Parc. Nous étions, avec Roro, un peu frustrés de n’avoir pu sortir des sentiers battus, lors de notre road trip en van dans le centre rouge du pays. Nous décidons donc, avec nos deux compères, de louer cette fois un 4x4 pour aller explorer le Top End. Celui-ci est pourvu d’une étrange installation : une tente pliable fixée sur la galerie du toit. Voici notre maison à tous les quatre pour une dizaine de jours d’aventure !

Nous sommes ravis de notre choix : dès les premiers kilomètres sur piste, nous nous retrouvons rapidement seuls. Nous croisons un road-train, lancé à même allure que sur le bitume. Avec la trainée de poussière rouge qu’il génère sur la piste, on croirait voir apparaître un train-fantôme dans une nuée de brume ! Le premier campement que nous occupons met immédiatement dans le bain nos alsaciens : les wallabies (petit cousin du kangourou) sont partout autour de nous. Nous en avons vu des centaines depuis que nous sommes en Australie et nous n’y prêtons plus forcément attention. Mais pour Anto et JG, c’est une grande première. Leur enthousiasme nous  rappelle à quel point c’est fantastique de pouvoir approcher d’aussi près  la faune de ce sublime pays. Après une première nuit mouvementée dans notre tente, où nous disposons chacun de 50 cm pour dormir et où l’air frais se fait rare et les moustiques nombreux, nous partons jouer les Crocodile Dundee dans les marais. Enfin presque. N’ayant pas la formation du héros australien, nous choisissons de rester sur la passerelle d’observation. En approchant de cette dernière, nous entendons un gros « plouf » et quelque chose détaler dans l’eau... Impossible de savoir si c’est un croco ou pas, mais notre trouillomètre chute d’un coup ! Une fois juchés sur notre ponton, nous observons les nénuphars bouger lentement. Le vent ? Le courant ? Les crocodiles ? Dur à dire, jusqu’à ce qu’une tête fasse son apparition à la surface, ne laissant aucune ambigüité. Nous avons à peine le temps de la prendre en photo qu’elle re-plonge déjà. Nous jubilons : nous aurons vu un vrai croco dans son environnement naturel.

Nous arrivons à la mi-journée aux portes du Kakadu. Ce parc national, le plus grand d’Australie, est inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO pour ses richesses naturelles et culturelles. Il concentre la quasi-totalité des écosystèmes du pays, une faune et une flore très riche et des vestiges de culture aborigène de plus de 25 000 ans. C’est par là que nous commençons notre découverte, dans les grottes d’Ubirr, au milieu de peintures rupestres merveilleusement conservées. A une époque où l’écriture n’existait pas, ces peintures jouaient le rôle de livres et enseignaient aussi bien les mythes aborigènes que la morale et le comportement à tenir au sein de la tribu. On raconte que d’anciens esprits seraient eux-mêmes les auteurs de ces œuvres, réalisées durant le Temps du Rêve. Et devant certaines esquisses haut-perchées dans les grottes, on se demande en effet comment un simple mortel a réussi à peindre à de tels endroits. Nous gravissons un sentier escarpé qui monte au-dessus des roches et qui nous récompense d’un panorama à 360° sur le Kakadu. Nous sommes étonnés par les paysages de savanes qui s’offrent à nous. Des lions ou des girafes pourraient tout à fait se balader ici. Au loin, nous distinguons les fumées d’un bushfire, un de ces feux maîtrisés servant à purifier la terre et à éviter des incendies accidentels plus importants. Une technique faisant partie des rites aborigènes depuis des milliers d’années, bien avant l’invention du camion de pompier !

Dans les marais, les oiseaux se baignent sans craindre les prédateurs. Nous observons de nombreuses variétés de Cacatoès, le perroquet emblème du continent. La nuit, les volatiles à plumes sont remplacés par des chauves-souris à l’envergure un peu inquiétante. Elles sont craintives et ne s’approchent pas beaucoup, mais les 60 centimètres qu’elles couvent de leurs ailes déployées nous impressionnent beaucoup.

La route est globalement calme, mais quelques tronçons de pistes auraient de quoi satisfaire Sébastien Loeb. Sable, virages serrés, traversées de petites rivières, graviers, route inégale et descente ou montée soudaine, le 4x4 est plus qu’utile et Roro assure, presque serein, la conduite rallye. Nous nous ouvrons ainsi les portes de sites inaccessibles en véhicule ordinaire et surtout, bien moins fréquentés.

Cela fait une dizaine de jours que nous sommes dans le Top End, et nous remarquons le changement de saison en cours. Le début du mois d’Octobre marque le passage du Dry, saison sèche, au Wet, saison des pluies. Cela se traduit par une augmentation significative de la température et du niveau d’humidité, et par la présence incessante de moustiques, qui nous rigolent au nez quand on s’asperge de répulsif. Les orages se préparent. Nous espérons chaque jour une grande rincée libératrice, mais nous obtenons au mieux un pipi de kangourou. Les vrais orages, violents et dévastateurs, arrivent plus tard dans la saison. Lorsque notre thermomètre affiche 50°C, nous sommes tentés d’ignorer les panneaux interdisant la baignade dans les magnifiques points d’eau que nous croisons lors de nos balades. Mais le souvenir du croco entraperçu le premier jour nous ramène à la raison.

Nous quittons le Kakadu pour le Lichtfield National Parc, bien plus petit en taille, mais intéressant pour ses chutes et ses points d’eau dépourvus de crocodile ! Nous y passons 5 jours à arpenter les différents bassins, à nous prélasser dans les petites piscines creusées à même la roche, dotées de jets de massage naturels, à organiser des concours de sauts et de plongeons et surtout, à nous rafraîchir de ces températures infernales, dans cet écrin de verdure.

Sur la route d’un des bassins, nous nous arrêtons pour observer les termitières, encore plus impressionnantes que celles que nous avions vues dans l’outback. Les plus gigantesques, les bien-nommées termitières cathédrales, atteignent 6m et nous n’arrivons même pas, à nous quatre, à en faire le tour en formant une ronde. De leur côté, les termites boussoles, une variété endémique du Top End de l’Australie, construisent des termitières magnétiques. Leur édifice, une fine tranche de terre, est parfaitement orienté Nord-Sud et régule ainsi la température interne de la termitière.

De retour à Darwin, nous profitons encore de quelques moments avec nos amis, avant de les laisser s’envoler vers Sydney pour leur année australienne. Quant à nous, nous reprenons notre route pour entamer le dernier tiers de notre périple. Nous quittons l’Australie des souvenirs et des images plein la tête, et avec elle l’hémisphère Sud. Direction : l’Asie !

A bientôt pour de nouvelles aventures.

Les photos de cet article se trouvent dans l’album Australie, dans la rubrique « Darwin ».


Photos (131)

6 réponses

  1. Coucou Poulette,

    Juste plein de bisous et te dire que tu nous manques.
    Une grosse bise aussi à ton rorobinson.

    Fatiha
  2. Coucou,

    ayé, fini de voyager la tête en bas ?
    Surtout ne vous pressez pas de revenir.
    J’espère que vous aurez beau temps dans la baie parsemée de 1 969 îles karstiques, 1969 comme l'année de décès de l'oncle...
    LA FERME Sheldon!
  3. Hello les globtrots,
    J'ai passé un bon grand moment à lire ce "carnet de voyage"et à regarder et reprendre les photos, qui pour certaines m'ont bien fait rigoler (Jenny tu as l'air d'une Déesse aborigène avec ta divine robe en feuille géante et toi Roro tu ressembles à un Dieu descendu du Mont Ululu avec ta méga barbe). D'autres photos m'ont fait rêver (les-couchers-de-soleil-sur-les-paysages), et d'autres m'ont émue (vos frimousses) et d'autres encore m'ont terrorisée (hum, tu vois de quoi je parle Jenny ?)

    La cigogne a l'air en super forme. Elle a une classe folle avec ses lunettes.
    A
    With Love
  4. Ma chère Jenny,
    Au fil des photos, j'ose enfin écrire ce que certains (tous) ont très clairement remarqué :
    T'es supra canon ! Reviens vite en Alsace qu'on te refasse les capitons ;0)
    Bises.
  5. superbe votre fin de voyage en Australie, et les photos de termitières.... hallucinantes surtout celle avec une cigogne perchée -:)
    Nouveau continent, nouvelles aventures, bonne continuation.
    biZOU
  6. Toujours autant de plaisir à lire votre récit !! d'autant plus que celà sent vraiment l'automne aujourd'hui par ici ! Bizz et bon voyage en Asie ! P.

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