A comme Atacama, altiplano et "ah, que buena onda !"

May 17th, 2013
Quels étaient les mots que j’avais employés pour décrire le désert d’Atacama, déjà ?? Le plus haut et le plus aride du monde ? Je crois que je n’ai jamais aussi bien choisi mes qualificatifs. Nos 26h de bus pour aller de Valparaiso à San Pedro de Atacama nous conduisent à travers un paysage d’une sécheresse extrême. Il faut dire que par endroits, la pluie n’est pas tombée depuis 80 ans. Rien ne pousse ! Du sable et des cailloux à perte de vue.
 
Nous arrivons de nuit à San Pedro de Atacama, petite oasis perdue dans ce grand désert. Nous atterrissons dans une maison d’hôte géniale, tenue par Brigitte et Miguel, un couple franco-chilien. Brigitte visitait l’Amérique du Sud il y a 5 ans quand elle est tombée amoureuse du village et de Miguel, un Chilien musicien. Elle n’en est plus jamais repartie et ensemble, ils ont créé la « Casa de los musicos ». On reste un peu plus de temps que prévu chez elle, tant l’ambiance est buena onda, comme on dit ici. Et on en profite un peu pour se reposer, car l’altitude nous met une claque à tous les deux.
 
San Pedro de Atacama est une étape incontournable pour la beauté de ses paysages. C‘est donc un lieu ultra-touristique et, of course, 25% à 30% plus cher que le reste du pays. Les excursions pour visiter les environs étant hors de prix, nous décidons de louer une voiture avec nos compagnons de route rencontrés lors de notre croisière, ainsi que 2 autres français. A 6 personnes, la solution est économique et on peut visiter tous les lieux environnants en une journée. Un peu serrés dans notre gros pick-up, nous nous mettons en route avant l’aube pour atteindre au lever du soleil notre première étape, les geysers du Tatio. Le jour pointe à peine le bout de son nez quand nous arrivons. De grandes fumerolles dégagent de la vapeur à plus de 10m de hauteur. Les geysers, quant à eux, atteignent 1m. L’amplitude thermique est très grande le matin : l’eau bout à gros bouillons alors que la température extérieure est bien en dessous de 0°C. Hé oui, on est perchés à 4300m ! Vivement que le soleil réchauffe un peu l’atmosphère. Les bus de touristes arrivent, il est temps de repartir pour notre 2ème étape, le village de San Fransisco de Chui-Chui, où se trouve la plus ancienne église d’Amérique du Sud. Manque de bol, elle est fermée et ne peut se visiter. Nous tombons sur une famille de Chiliens en vacances dans les environs. Amoureux de leur pays, ils passent une bonne demi-heure avec nous, à nous expliquer tout ce qu’il y a à visiter dans le coin. Ils insistent même pour nous escorter jusqu’à un petit village en ruines, un must-do de la région nous disent-ils. Mais la visite est chère, et notre planning du jour très rempli, donc on prend congé après les avoir remerciés pour leur gentillesse. Nous filons vers notre étape suivante : le salar d’Atacama, un grand désert salé formé par la condensation du sel contenu dans les eaux de ruissellement souterraines. Nous savons que nous verrons en Bolivie l’un des salars les plus impressionnants au monde, mais pour nous qui n’en avons jamais vu, la visite est époustouflante ! Les cristaux de sel ressemblent à des gros blocs de glace, et le sel saupoudré partout a des faux airs de neige. Au beau milieu de ce paysage lunaire, nous piquons une tête salvatrice (le soleil tape très très fort !) dans une lagune turquoise, où la concentration de sel dans l’eau est telle que nous flottons comme des bouchons de liège. On ressort de l’eau en croûte de sel, prêts à être dégustés ! Le soleil commence à redescendre, il fait déjà plus frais. Les différences de température sur 24h sont hallucinantes. On passe de -15°C la nuit à 30°C en journée. Nous reprenons la route pour notre dernière étape, une réserve naturelle de flamants. On croise les doigts pour en voir, car en fonction des saisons, ils ne se montrent pas toujours. Mais on a de la veine, ils sont bien là. Le spectacle est magique, entre le paysage grandiose baigné dans la douce lumière du coucher de soleil, et les dizaines de flamants qui font leur vie tranquillement sans se préoccuper des touristes, on est ébahi devant tant de beauté. Nous rentrons au village des images plein la tête, en se disant que cette journée sera difficile à égaler en émotion.
 
Le lendemain, journée sportive avec découverte de la Valle de la Luna en VTT. À 2500m d’altitude, les 32 km de balade sont assez éprouvants, mais nos efforts sont largement récompensés par les paysages que l’on traverse. La vallée porte bien son nom, on se croirait sur la lune.
 
Les jours suivants, on bulle chez Brigitte et Miguel, on prend le temps de se reposer, ça faisait longtemps et ça fait du bien. Brigitte nous raconte sa vie tumultueuse, comment elle est arrivée ici, comment elle a créé ce lieu unique en son genre et comment elle ramasse tous les jours des touristes perdus dans San Pedro, à la recherche d’un hôtel qui ne soit pas hors de prix. Elle a également mis en place une cellule spéciale pour les voyageurs en détresse, qui se sont fait voler ou agresser. Et avec son franc-parler, elle n’hésite pas à virer de chez elle les touristes trop peu respectueux. Pendant ce temps, Miguel, musicien passionné, nous joue la sérénade sur sa guitare, depuis la terrasse. Il a même installé une guitare au-dessus de la porte d’entrée, à laquelle il a scotché un médiator, de telle manière que lorsqu’on ouvre la porte, on est accueilli par un joyeux accord. Que buena onda !
 
Nous sympathisons avec les autres hôtes de la maison et décidons de changer nos plans initiaux (qui étaient, pour mémoire, de filer ensuite sur la Bolivie). Nous prenons avec eux le chemin des écoliers et retournons en Argentine pour rejoindre la Bolivie depuis là-bas.
On récupère un tampon argentin de plus sur notre passeport et en route pour Salta, le paradis des paysages de montagne (encore un !). Ici aussi, les visites sont très chères et la location de voiture apparaît comme la meilleure solution. C’est parti pour 4 jours de road-trip à travers les montagnes et les vallées. Pour commencer, nous empruntons la Ruta del vino locale, en ayant une pensée émue pour notre Route des vins à nous. On s’arrête visiter une bodega, mais le dépaysement est quasi nul. Les techniques de vinification sont les mêmes qu’en France, les cépages également… Même leur œnologue est français ! Seule différence : les vignes sont plus hautes et le degré d’alcool du vin est plus fort (presque 15° !!).
 
En remontant vers la Bolivie, nous découvrons, comme promis, les plus beaux paysages de montagnes depuis le début de notre voyage. Ou du moins, les plus dépaysants. Les nuances sont très changeantes d’une montagne à l’autre. A Pumamarca, à l’extrême nord du pays, nous admirons la ‘‘montagne aux sept couleurs’’. On passe un long moment à contempler cette aquarelle grandeur nature, à compter et à recompter les couleurs. On en trouve bien plus d’une quinzaine, mais on ne dira rien à l’office de tourisme. Les roches passent du rouge au vert, du violet à l’ocre… On distingue chaque couche sédimentaire, c’est magnifique. Rien à voir avec les panoramas du sud du pays. De plus, nous sommes pour la première fois vraiment dépaysés par les locaux et leurs habitudes de vie. Les visages sont plus typés, les constructions sont bien plus modestes, les sacs à main des femmes laissent place aux pans de tissu andin portés en écharpe… On sent qu’on se dirige vers le nord et qu’on quitte les modes de vie occidentaux. Ça aussi, ça fait vraiment du bien ! Même les noms de villes et villages sont plus exotiques, héritage de l’ancien empire Inca. D’ailleurs, on rencontre beaucoup plus de touristes Argentins qu’en Patagonie, et on entend de moins en moins parler anglais. Pourvu que ça dure !
 
Demain, adios l’Argentine et hola Bolivia. La semaine dernière, il paraît que les postes frontières étaient bloqués par des grèves empêchant les bus de passer. Visiblement, il fallait descendre du bus et passer à pied après une longue marche en plein soleil. La compagnie de bus nous a-t-elle dit que la grève était levée et qu’il n’y avait plus de problème seulement pour que nous achetions nos billets de bus ? Vous le saurez en même temps que nous, dans le prochain épisode des aventures de Jenny et Roro.
Les photos de cet article se trouvent dans l'album "Chili", à la rubrique "Calama" (pour les photos de San Pedro de Atacama) et l'album "Argentine", à la rubrique "Salta".

Photos (128)

4 réponses

  1. Hola los dos,

    que tal ?
    De bien belles couleurs en effet sur ces photos. Comme ici, nuances de pluies, nuances de grey...
    Si vous remontez par Tupiza, les randos à cheval sont à faire, si vous aimez les chevaux autrement qu'en lasagnes of course.
    Enjoy

    0401
  2. Juste un mot : Wahou...
    Quel bonheur de vous suivre, encore plein de découvertes à vous 2.
    Des bisous tout plein.
  3. constatER... je ne suis pas réveillée.
    Bah ! Vous êtes des internationaux désormais. Le Français, tout ça... ;0)
  4. Coucou !
    J'ai suivi ton conseil. Je suis allée voir vos dernières photos. J'ai bien fait :0)
    Superbes ! Et j'ai pu constaté que la petite Cigogne tient bien la route.
    Bonne continuation, des bisous et des gouttes de pluie pour Atacama... ici on en manque pas.

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