Bien bleue ma côte d'Australie, s'il vous plait !

September 30th, 2013

La sortie de Sydney est à nouveau une expérience épique et stressante. Une fois la ville derrière nous, je passe le volant à Roro qui ne me le rendra plus de tout le voyage. Afin de gagner quelques degrés, nous carburons pour arriver au plus vite dans l’état du Queensland, dont le littoral est une succession de côtes aux noms évocateurs : Gold Coast, Sunshine Coast, Capricorn Coast… Cela donne envie !

On ne s’arrête que très rapidement sur la Gold Coast, version miniature des plages de Floride, bordées d’immenses buildings, de casinos, d’hôtels de luxe et de parcs d’attractions. L’ambiance est largement surfaite, ce n’est pas trop notre tasse de thé mais rien que pour l’étude sociologique, ça vaut le coup d’être vu. Sur le sable, se succèdent corps bodybuildés et silhouettes siliconées, voire les deux pour les plus ambitieux. Les gardes-côtes scrutent l’horizon en bombant le torse. Heureusement qu’ils sont là : sur les plages de Surfers Paradise, la bien nommée, le pavillon vert n’est jamais hissé. Au mieux, le drapeau est orange, signifiant que la baignade est dangereuse, mais autorisée. Les nageurs n’ont droit qu’à un tout petit espace pour goûter l’eau, entre deux drapeaux. Plus au large, les surfeurs s’en donnent à cœur-joie en essayant de dompter les flots. Vers l’intérieur des terres, les parcs d’attractions sont bondés. Les noms des manèges sont eux-aussi évocateurs : Mort Subite, l’Arme Fatale, la Tour Infernale… Très peu pour nous, nous passons notre chemin en direction de la côte suivante.

La Sunshine Coast égale la précédente en matière de bling-bling. Au volant de notre van, on se fait un safari dans le quartier ultra-chic de Paradise Beach, une sorte de réserve où l’on peut observer des multimillionnaires dans leur environnement naturel. La mini-ville est joliment construite sur des canaux, version « Palm Islands » à Dubaï. Les maisons ressemblent à des cliniques ou à des monastères, selon les lubies des proprios. Derrière chaque bâtisse, un yacht plus ou moins démesuré est amarré, prêt à prendre la mer. Et on ne vous parle pas des voitures, qui à ce prix-là ne sont même pas rangées sagement dans le garage ! Quelques palais sont en vente, on rêve un peu devant les annonces qui trônent devant les balustrades : 10 chambres, dont 6 avec salle de bain et jacuzzi, cave à vin pouvant accueillir 10 000 bouteilles (d’où les 10 chambres pour héberger les potes après la dégustation), piscine chauffée, séjour de 200m²… On y réfléchit très sérieusement, c’est vrai que c'est tentant, mais tous comptes faits, on préfère l’ambiance cosy de nos 10 m3.

C’est sur la Sunshine Coast que se trouve l’Australia Zoo, fondé par Steve Irwin, une superstar nationale, célèbre chasseur de crocodiles, de serpents et de toutes autres bestioles habituellement rebutantes. Le parc animalier est très respectueux de l’environnement et particulièrement interactif : les visiteurs sont invités à participer à plein d’animations et des soigneurs déambulent dans les allées avec des animaux, à la rencontre des curieux qui souhaitent se faire prendre en photo. Nous avons ainsi l’occasion de tenir en main un alligator, bébé certes, mais néanmoins impressionnant. Plus loin, nous avons la possibilité de nourrir les éléphants et de sentir sur notre paume la douce aspiration gluante de leur trompe. Les koalas et les kangourous sont en liberté dans de vastes enclos, et nous pouvons nous approcher jusqu’à les caresser. Pour tous ceux qui seraient en train d’imaginer la scène en poussant des « Ooooooooooooooh », attention, je vais casser le rêve : un koala est bien moins doux qu’on se l’imagine. C’est mignon à croquer, mais ça a le poil fort crépu. Ceci dit, cela ne nous empêche pas de fondre littéralement devant leur petite bouille, surtout quand une maman s’avance, son bébé sur le dos, pour grignoter juste devant nous quelques feuilles d’eucalyptus.

En continuant notre route vers le nord, nous arrivons à la hauteur de la Grande Barrière de Corail, the Great Barrier Reef, objectif ultime de tout séjour sur la côte Est australienne. Il ne s’agit pas d’un seul récif, mais d’une succession de centaines d’atolls et d’îlots coralliens, qui s’étendent sur près de 2000km au large des côtes. La mer de corail forme le lagon géant pris entre cette barrière et la terre ferme. Championne toutes catégories en matière de biodiversité, la grande barrière de corail accueille et héberge 35% de la faune sous-marine mondiale.

Tout le long du reef, des excursions à la journée sont proposées pour emmener les visiteurs faire de la plongée, du snorkeling ou admirer le récif en bateau à fond de verre, pour qui ne souhaite pas se mouiller. Les sorties en mer sont assez onéreuses, alors nous nous programmons quelques journées à ne rien faire, pour gérer le budget et pouvoir nous offrir 3 expériences, sur 3 lieux différents.

Notre première découverte se fait sur l’îlot corallien de Lady Musgrave au large de Bundaberg, qui constitue l’extrémité Sud de la barrière. Le bateau nous transfère à un ponton installé dans le lagon et duquel nous pouvons nous adonner au snorkeling. L’eau ne s’est pas encore franchement réchauffée à cette latitude, et une fois notre masque, notre tuba et nos palmes chaussés, nous hésitons à plonger. Ce n’est que quand un membre de l’équipage nous crie « Là-bas ! Une tortue ! » que nous nous jetons à l’eau, en oubliant sa faible température. En quelques battements de palmes, nous sommes à sa hauteur. Elle se déplace en gracieux mouvements, en se dirigeant grâce à sa queue qui lui sert de gouvernail et en avançant par petites brasses de ses pattes antérieures. On a véritablement l’impression de la voir voler. Régulièrement, elle remonte à la surface pour respirer, avant de redescendre sous l’eau pour se balader. Nous la suivons quelques minutes avant de lui dire au revoir, ne pouvant la suivre dans les profondeurs où elle s’enfonce. Autour du ponton, des dizaines et des dizaines de poissons s’affairent, habitués à recevoir de la nourriture. Le réflexe est tel qu’en jetant de simples petits cailloux dans l’eau, ils se précipitent en masse à l’endroit de l’impact, avant de repartir déçus. Trop facile de les attirer tout autour de nous, pour sentir leurs nageoires nous chatouiller. Certains sont petits, d’autres plus effrayants font la taille d’une cuisse. Ils sont très colorés, surtout les poissons-perroquets qui affichent des teintes carrément fluos. Malheureusement pour vous, comme nous ne souhaitons pas retenter l’expérience des photos subaquatiques et risquer à nouveau de noyer notre appareil, nous garderons égoïstement dans notre tête toutes les images de ces moments. Les seules photos possibles sont celles que l’on prend depuis la salle d’observation sous-marine du ponton, mais au résultat moyen.

Plus on remonte vers les tropiques, plus le thermomètre grimpe et plus les longues journées sur la route deviennent pénibles. Les distances sont immenses et les infrastructures routières ne suivent pas toujours. Les travaux sont fréquents et il n’est pas rare de mettre 4 ou 5h pour parcourir 200km. Nous ferions bien quelques haltes pour nous rafraichir dans la mer, mais des panneaux nous indiquent que nous avons franchi la zone où nous risquons de rencontrer les vilaines méduses-boites, qui peuvent faire de gros dégâts. Point de trempette donc, et c’est bien frustrant car les plages sont sublimes. Les villes côtières ont tiré leur épingle du jeu en mettant en place de grands bassins d’eau douce, accessibles gratuitement toute la journée et jusque tard en soirée. Inutile de dire qu’ils font le plein et que nous y passons du temps, quand la température est telle que se baigner devient une nécessité !

Deuxième expérience avec le reef sur l’archipel des Whitsundays, au large de Mackay. On est ici à quelque mille kilomètres plus au Nord, l’eau est bien plus tiède et la baignade plus agréable. Pour pallier le risque des méduses, les agences équipent les voyageurs de combinaisons en lycra. Elles ne sont pas super sexy, mais c’est le seul moyen de plonger sereinement et en prime, d’éviter les coups de soleil. Alors tant pis pour le look, coco ! Le récif est moins peuplé en poissons que sur l’île de Lady Musgrave, mais ici, c’est le corail qui nous émerveille par ses formes et ses couleurs : corail-cerveau bleu ciel, corail-branche orange flashy, corail-table améthyste... Par endroit, il est hélas bien endommagé, blanchi par l’homme ou envahi par des algues étouffantes. Nous scrutons les anémones de mer à la recherche du petit Némo, mais pas de bol, nous ne le verrons pas cette fois-ci. En compensation, nous avons la visite magique de plusieurs tortues de mer. L’après-midi, nous faisons escale à Whiteheaven Beach, classée dans le top 5 des plus belles plages d’Australie et qui détrône, dans mon top 3 à moi, la plage de Tetiaroa, vue à Tahiti. On vous laisse regarder les photos qui parlent d’elles-mêmes !

Le Queensland s’avère un peu moins cool que la Nouvelle Galles du Sud, pour les touristes en camping-cars. Le camping sauvage est interdit dans de nombreux endroits et il n’y a pratiquement pas de solutions proposées pour se rabattre vers des aires gratuites ou bon marché. On essaye de résister tant que l’on peut, mais une amende salée pour avoir eu l’outrecuidance de camper dans une zone commerciale, sur le parking d’un Mc Donalds, aura raison de nous. Peu conforme à ce qu’on avait imaginé, on ravale nos rêves d’Australie en toute liberté et nous finissons le séjour sans filouter, dans les campings payants.

Nous roulons encore quelques dizaines de kilomètres pour nous retrouver au Nord de Cairns et découvrir durant 2 jours le parc national de Daintree. Englobé dans un ensemble de 7 parcs qui forment les Wet Tropics, une forêt tropicale classée au patrimoine de l’Unesco, le Daintree National Parc est remarquable pour sa biodiversité. Si sa taille est insignifiante (0,01% du territoire australien), il est pourtant le berceau de 43% de la faune et la flore du pays. Nous sommes étourdis par la chaleur, à part quand on se réfugie dans la forêt, qui joue le rôle de climatiseur naturel. C’est d’ailleurs là que les aborigènes se calfeutraient, durant la saison sèche. D’immenses palmiers ronds ombragent agréablement les promenades que l’on entreprend. Leurs feuilles sont assez grandes pour se fabriquer une robe. Nous croisons des arbres gigantesques, au tronc plus large que ma voiture, d’où dégoulinent des lianes qui forment des dentelles avec l’écorce. C’est très dense et très sauvage. Un serpent décampe, en nous entendant arriver. Du coup, nous martelons le sol avec nos pieds, pour mettre en fuite ses éventuels congénères. Les araignées tissent leurs toiles un peu partout, on s’arme d’un bâton pour ouvrir la voie. Nous admirons quelques beaux spécimens colorés, dont la morsure serait bien désagréable, selon notre Lonely Planet. Et quand on lève le nez pour observer les oiseaux dans les arbres, c’est un lézard géant que l’on découvre, cramponné à un tronc.

Ici, la forêt s’étend jusqu’à la mer et la mangrove flirte avec la plage. Aux panneaux « baignade dangereuse pour cause de méduses » s’ajoutent « attention aux crocodiles ». Marcher sur le sable les pieds dans l’eau se transforme en véritable expédition ! On enfile nos chapeaux d’explorateurs pour partir à la rencontre des crocos… dans l’assiette, sous forme de burger. Nous testons également son homologue au kangourou, les deux sont excellents. Un bar propose même un cocktail à base de fourmis vertes pilées, mais côté aventures culinaires, je préfère découvrir le glacier local, qui prépare de délicieuses crèmes glacées à base de fruits tropicaux connus (noix de coco, mangue, noix de macadamia,…) ou moins connus (sapote jaune, jackfruit, graines d’acacia,…).  Les parfums changent tous les jours, alors comme nous restons 48h dans le coin, nous nous voyons obligés d’y retourner le lendemain pour une seconde dégustation. Et si on culpabilise pour les calories amassées, il y a la possibilité de les dépenser immédiatement, lors d’une chouette balade dans le verger, à la découverte de ces fruits étonnants.

De retour à Cairns, nous rendons notre van après plus d’un mois de bons et loyaux services. Nous retrouvons durant quelques jours le confort d’une vraie chambre avec un vrai lit. Et c’est à Cairns que nous nous offrons une troisième et dernière sortie sur la barrière de corail. Nous tentons cette fois l’expérience d’un baptême de plongée. Les premières minutes sont assez oppressantes, mon cerveau ne comprend pas très bien que je puisse être à 5m sous l’eau, et respirer. Je me cramponne à ma monitrice, qui attire mon attention sur les poissons, les bénitiers géants et les étoiles de mer tout autour de nous. Ma respiration redevient alors machinale. J’arrive peu à peu à me détendre, mais je suis tout de même rassurée, au bout d’un quart d’heure, de retrouver la surface. Nous passons le reste de la journée à snorkeler, plus à l’aise ainsi. A cet endroit, l’eau est particulièrement claire et la visibilité peut atteindre 20m. Nous apercevons enfin notre petit poisson clown Nemo, accompagné de toute sa famille, qui joue à cache-cache dans les coraux et les anémones. Et cerise sur le tuba, un bébé baleine vient agrémenter notre trajet retour. Il est assez loin, mais suffisamment gros pour qu’on le distingue jouer dans les vagues, sauter hors de l’eau et nous faire coucou de sa nageoire. C’est bon, nous avons coché sur notre check-list tous les animaux marins que nous voulions voir ici, nous pouvons quitter cet endroit magique sereins.

Nous abandonnons la chaleur moite des tropiques pour nous envoler vers la canicule du désert. L’idée initiale était de se rendre dans le centre du pays en van. Mais après 3000km de route, nous avons changé nos plans et décidé de prendre un vol intérieur pour Alice Springs. Nouveau climat, nouveaux paysages, nouvelles aventures… qui feront l’objet d’un nouveau récit.

A très vite !

Les photos de cet article se trouvent dans l’album "Australie", à la rubrique "Gold Coast", "Sunshine Coast" (pour les photos de l’Australia Zoo), "Bundaberg" (pour les photos de l’île de Lady Musgrave), "Mackay" (pour les photos des Whitsundays Islands) et "Cairns" (pour les photos de notre expédition dans la forêt tropicale).

 


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3 réponses

  1. Beautiful photos - I love the one with you wearing the the large leaf skirt! Enjoy Asia!!
  2. Coucou Jenny,

    Enfin plein de photos où on vous voit ;) Ça fait plaisir, même si pour le coup ça fait penser que : tu nous manques beaucoup, beaucoup.

    Gros bisous à ton Robinson de Roro
  3. ben là, franchement, bravo.
    Avoir réunis 3 Koalas poilus sur la même photo, c'est dans le guiness!

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