De "La croisière s'amuse" à "L'amour est dans le pré".

April 25th, 2013
Hola a todos,

Au revoir la Patagonie ! Nous avons embarqué pour une croisière de 4 jours pour remonter une grande partie du Chili et nous éviter par là même un trajet de bus de près de 50h. Que ceux qui s’imaginent un luxueux paquebot version "Costa Croisière", avec une belle cabine spacieuse, se détrompent de suite ! Le bateau affrété est en fait un gros ferry de marchandises, qui a bien compris le filon touristique et qui propose depuis quelques années d’embarquer des passagers pour la traversée. Nous hésitons un peu à acheter nos billets car les prix sont très élevés. Mais en fouillant sur internet, nous trouvons des promos de dernière minute intéressantes. Et puis, les avis sont unanimes : c’est un voyage inoubliable (par beau temps, lit-on). Alors on se lance.

Malheureusement pour nous, le beau temps n’est pas de la partie. A part un lever de soleil somptueux le premier matin, nous ne voyons que des fjords très embrumés, sous un ciel gris et bas. Mais l’expérience est intéressante. Et puis on profite, c’est notre première « croisière » ! Nous apercevons des dauphins, qui viennent jouer dans les vagues autour du bateau, des otaries et même une baleine (ou du moins le jet d’eau qu’elle créée en expirant). Rien que pour cela, l’investissement n’est pas perdu. De plus, bonne pioche, nous sympathisons avec nos voisins de cabine, un autre couple de « tour-du-mondistes ». On décide de continuer un bout de route ensemble quand nous arriverons sur la terre ferme.

L’équipage à bord est aux petits soins avec les passagers, nous proposant des animations durant tout le trajet : lecture sur la faune locale, présentation de la Patagonie, soirée Bingo… On oscille entre club du troisième âge et colonie de vacances mais l’esprit est bon enfant. Au bout de 2 jours de navigation tranquille à une vitesse de 10 nœuds marins (environ 20 km/h, on n’est pas rendus !), le navire quitte les canaux pour la pleine mer en traversant le « Golfe des Peines », qui porte son nom à merveille ! On découvrira ainsi que Roro a le pied marin sans aucun problème. Quant à moi, je passe 20h allongée dans ma cabine, en priant Poséidon de bien vouloir se calmer un peu.

Nous arrivons à bon port, à Puerto Montt, que nous quittons aussitôt pour l’île de Chiloé, un appendice de 200 km de long situé vers la moitié Sud du pays. Verdoyant et sauvage, le lieu présente des paysages semblables à l’Irlande ou à la Bretagne. Pour la petite histoire, l’île de Chiloé est le berceau de… la pomme de terre. Les plus anciennes traces au monde ont été trouvées dans les environs, vieilles de 13 000 ans avant Jésus-Christ ! Les conquistadors se sont chargés, quelques millénaires plus tard, de la diffusion du célèbre tubercule à travers le monde.

La patate est encore largement cultivée ici, tout comme beaucoup d’autres légumes et de fruits. L’agriculture et la pêche constituent la ressource principale de l’île, et nous avons pu admirer cela de près puisque nous avons séjourné dans une ferme proposant des gîtes ruraux et des activités d’agrotourisme. L’ambiance est boisée et rustique, avec une pièce principale où trône le poêle à bois et où se rassemble toute la famille. Les alsaciens n’auraient-ils rien inventé avec leur stube ? La bibliothèque de la maison regorge de livres particulièrement hétéroclites : de « Mein Kampf » au Marquis de Sade, en passant par un manuel de Yoga, Zola, Goethe ou un précis de grammaire française, le tout dans la langue de Cervantes. Je m’essaye à l’un ou l’autre ouvrage mais mon niveau d’espagnol étant ce qu’il est, je me retrouve finalement à lire l’équivalent de « Oui-oui à la ferme ».

On découvre, lors de nos discussions avec les propriétaires, que la mondialisation et ses enquiquinements sont bien arrivés jusqu’ici. La production, certifiée bio, est de plus en plus soumise aux normes liberticides imposées par le Chili. Même si, nous dit en souriant la fille de l’exploitant, « les contrôles ne sont pas fréquents alors c’est plus facile ». L’exploitation est 100% familiale et de taille moyenne : 14 hectares. Ils produisent aussi bien des légumes, que de la viande, de la laine ou des confitures. Leur activité touristique n’existe que depuis 3 ans, date à laquelle ils ont rejoint l’association « Agrotourismo en Chiloé ». De tous les touristes qu’ils reçoivent, ils nous certifient que les français sont les plus sympas. Vrai ou pas, notre chauvinisme apprécie.

Nous arrivons pile-poil pour célébrer l’anniversaire de leur gendre. Nous sommes conviés à la fête, qui se déroule en compagnie d’une dizaine d’amis et de leur famille. On chante « Feliz cumpleaños » tous en chœur, avant d’attaquer un énorme gâteau à la crème et de nombreuses autres petites douceurs maison : cake à la carotte et aux noix, empanadas pomme-cannelle, petits pains à la citrouille, arrosés de vin où marinent des fraises des bois. Un délice ! Nous sommes ravis de pouvoir partager ce moment avec eux. Nous en profitons pour discuter et en apprendre un peu plus sur la vie au Chili, même si, comme c’est souvent le cas des populations insulaires, nos hôtes se considèrent « Chilotes » (issus de l’île de Chiloé) avant d’être Chiliens.

Nous passons deux jours à leurs côtés, à suivre de près ou de loin les activités quotidiennes, à donner du grain aux poules, à regarder les cochons se rouler dans la boue avec bonheur et à se balader dans la nature avec Norberto, le chef de famille. Un peu bourru au début, il ne répond à nos questions que par des monosyllabes. Il se laisse apprivoiser au fur et à mesure, mais on se dit tout de même qu’il aurait fallu rester quelques jours de plus pour que le patriarche soit tout à fait à l’aise avec nous (et nous avec lui !).

Lors d’une promenade sur la plage, nous avons la surprise de croiser des vaches, qui se dorent la pilule tout en broutant des algues. La scène est plutôt cocasse ! On apprend que certains agriculteurs, dont les pâturages sont trop loin pour que le bétail vienne directement se repaître à la playa, récupèrent les algues pour nourrir leurs bêtes. Cela leur apporte des vitamines et minéraux supplémentaires, et donne un goût particulier à la viande. Nous n’aurons cependant pas la chance d’y gouter cette fois-ci. On reviendra !
Après ce séjour à la campagne, nous reprenons notre route vers le Nord. Prochaine étape : la ville de Pucon et l’ascension du volcan Villarica.

A bientôt pour de nouvelles aventures !

Les photos de cet article se trouvent dans l'album "Chili", aux rubriques "Puerto Montt" et "Ancud".

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5 réponses

  1. Quel bonheur de lire votre blog !! Et quel beau voyage pour une cigogne alsacienne et ces 2 cigogneaux : Jenny & Roro.
    De plus, le style est magnifique !!! On voyage avec vous sans en fournir les efforts !!!!!
    Bisous from S.W France (sous la pluie, encore)
  2. Bravo Jenny, j'adore jetez un petit coup d’œil sur les commentaires et les photos de temps en temps, ce qui est pratique c'est que j'aurai pas besoin d'acheter le lonely planet Amérique du Sud :-)

    a bientôt et bonne route

    Mathieu
  3. Quel plaisir de lire toutes ces aventures, dans un style charmant, je me régale, merci jenny ! bisous
  4. merci pour le lien, vous devez vous régaler et tes récits nous emmènent 'là-bas'! bisous de gironde sous la grisaille!!!
  5. C'est le printemps, le reveil des sens.
    Ah, ben non, zut, c'est en dessous de l'équateur.
    Mais en tout cas vous êtes quand même allé sur l'île fantastique.
    Bisous les amoureux

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