Sous les palmiers, La Paz !

June 14th, 2013

¡Bienvenidos en La Paz!, la capitale la plus haute du monde, et la mégapole la plus folle que nous ayons croisée pour le moment. Cette ville est tout simplement incroyable. Elle colonise une vallée entière, dévalant les reliefs depuis l’altiplano, son point culminant, à 4100m. Une fois n’est pas coutume, pour descendre dans les bas-fonds de la ville, il faut donc monter. En effet, les classes aisées se sont réfugiées en bas. Car à 3200m d’altitude, le climat est bien plus clément. Contrairement aux précédentes capitales que nous avons visitées, qui manquaient un peu d’âme, La Paz est vraiment unique en son genre, que ce soit dans la construction de la ville ou dans les modes de vie locaux. Près de 3 millions de Boliviens y vivent et y travaillent, s’entassant dans les collectivos, ces espèces de minibus qui assurent les liaisons entre les différents quartiers, klaxonnant à chaque intersection, juste pour prévenir qu’ils ne respecteront pas la priorité…

Nous trouvons un petit hôtel vraiment pas cher en plein cœur de la rue des Barbiers. Roro se fait solliciter à chaque boutique : « Barba, barba !». Mais le challenge étant de laisser ladite barbe tranquille durant toute l’année, il décline poliment. Deux rues plus haut, nous sommes dans la rue des Sorcières. Plusieurs boutiques vendent des potions magiques (en bref, des bouteilles de toutes les couleurs, pour tout et n’importe quoi) et, plus authentique, des fœtus de lama séchés. Il parait qu’il apporte fertilité et prospérité à qui le place sous sa maison en la construisant.

On passe notre samedi soir à expérimenter la vie nocturne de la capitale bolivienne, dans une boite de nuit très couleur locale, de par la musique et les occupants. Au petit matin, nous rentrons à pied jusqu’à l’hôtel en compagnie d’un jeune La Pazien, qui nous parle de l’évolution des habitudes de vie ces dernières années à La Paz, des jean’s qui prennent la place des costumes traditionnels chez les jeunes ou de la gêne qu’il peut parfois ressentir face à ses origines aymaras (se faire traiter d’indien est paraît-il la pire insulte qui soit). Autant les traditions sont très vivantes dans les campagnes, et ce à tous les âges, autant en ville, on tente de les émousser.

Le dimanche, forts de notre mal de tête dû aux cocktails bien serrés de la veille, nous partons pour l’activité la plus insolite qu’il soit : un match de catch de cholitas, des boliviennes en costume traditionnel. La rencontre a lieu dans un hangar joliment apprêté, en plein cœur de l’alto, le quartier populaire. Des dizaines et des dizaines de boliviens viennent y passer leur dimanche après-midi. Problème : le vendeur à l’entrée refuse de nous vendre autre chose que le billet spécial « touristes », 10 fois plus cher que le billet normal. Nous rusons et demandons à une famille de nous acheter discrètement quelques places en plus. On se retrouve dans les gradins, entourés de locaux, nous sommes les seuls blancs. C’est sans compter sur le bus de touristes qui arrive avant le début du match, et qui se retrouve sur des sièges « VIP », devant la scène. On est bien mieux là où on est ! La représentation commence et c’est parti pour 3h de fous-rires. Les cholitas se rentrent dedans comme de vraies catcheuses professionnelles, elles rigolent, s’amusent beaucoup à assurer le spectacle. Les combats sont très scénarisés, avec un arbitre véreux qui se prend des peaux de bananes de la foule en délire… Un dimanche aprèm' improbable !

La Paz, c’est aussi le point de départ de nombreuses excursions. La première que nous réalisons est la visite du site de Tiwanaku. Pour la petite histoire, ce site archéologique pré-inca a inspiré à Hergé l’épisode de « Tintin et le Temple du Soleil ». Impossible de passer à côté, c’est un de mes albums préférés. Nous nous offrons les services d’une guide, indispensable pour bien comprendre le site fort en ruines. Sous ses explications, les pierres reprennent vie et nous en apprenons beaucoup sur la civilisation Tiwanaku, l’une des les plus longues au monde. Elle aurait régné près de 10 000 ans, contre à peine deux millénaires pour les Incas, pourtant bien plus célèbres. Les fans d’Hergé reconnaissent aisément la porte du Soleil, et l’autel sacrificiel où le jeune reporter belge et ses deux compères, le capitaine Haddock et le professeur Tournesol, attendent leur sentence, ligotés à des poteaux. Tous les autres s’émerveillent simplement de la connaissance des astres et du calendrier qu’avait ce peuple ancestral.

Cette belle journée nous permet de rencontrer un groupe de 3 suisses (sans leur catalogue) très sympas, avec qui nous organisons une autre excursion. Cela fait un petit moment que nous n’avons pas randonné, nous décidons donc tous ensemble de nous lancer dans le trek du Takesi, un chemin inca d’une cinquantaine de kilomètres, menant des environs de La Paz à la vallée des Yungas, plus de 2000m plus bas. La première partie du trek est difficile, il faut grimper de 3800m jusqu’à 4600m. C’était plus facile en jeep dans les salars d’Uyuni ! Une jeune bolivienne fait un bout de route avec nous, en allant rejoindre ses champs. Nous papotons toutes les deux, elle s’étonne qu’en ayant le même âge qu’elle, je ne sois toujours pas mariée et que je n’aie toujours pas d’enfant. J’ai un peu de mal à mener de concert l’ascension, l’altitude et la conversation en espagnol, qui me prend beaucoup de souffle, mais c’est vrai que le chemin passe plus vite comme ça. Après de gros efforts et de nombreuses pauses pour récupérer, nous arrivons au sommet. A partir de là, c’est plus facile, il n’y a plus que de la descente. Quoiqu’avec 2600m de dégringolade, les genoux en prennent un sacré coup. On se retrouve rapidement tout seuls, le sentier est très peu emprunté. On plante notre camp de base au hameau de Takesi, où un panneau de recensement nous apprend qu’il est peuplé de 20 hommes et 22 femmes, et qu’il faut 9h de marche dans un sens et 10h dans l’autre pour atteindre le premier village. On peut dire que ces gens-là sont tranquilles ! Une vieille femme nous propose de camper sur son terrain, où nous sommes bientôt rejoints par un troupeau de lamas. On a un peu peur de se faire grignoter la tente pendant la nuit, mais ils passent leur chemin pour le terrain suivant, sans même faire attention à nous. A 3600m, il fait frisquet la nuit ! Les gouttes de condensation qui se forment sur notre tente gèlent rapidement. On laisse à peine le bout du nez dépasser du sac de couchage et bonne nuit tout le monde. Le lendemain, nous remercions notre hôte et continuons notre descente. Cette journée est la plus surprenante du trek, nous voyons la végétation changer quasiment de mètre en mètre. Le paysage devient beaucoup plus vert et l’atmosphère bien plus chaude. Le sentier joliment pavé sur lequel nous marchons était destiné aux messagers incas, qui ne se déplaçaient qu’en courant. On comprend qu’il fallait que les nouvelles arrivent vite, mais on souffre quand même un peu pour eux ! Nous arrivons en fin de journée au bout de notre trek, dans le tout petit village minier de Chojilla, où la population n’a pas dû voir de blanc depuis un moment. Nous sommes l’attraction publique, les gamins viennent nous dévisager en se marrant. C’est un sentiment assez bizarre, mais ça fait du bien de se faire remettre à sa place. En demandant où nous pouvons planter notre tente, une femme nous indique un grand terrain vague qui tient lieu de place du village, en nous disant « Je pense que personne ne vous dira rien si vous la plantez là ! ». Mais nous avons l’air assez curieux comme ça pour ne pas en rajouter, alors on se prend un dortoir pour nous 5. Cela fera vivre le commerce local. Après une nuit courte (notre bus de retour à La Paz est à 5h du matin), nous embarquons pour un trajet ultra-flippant, sur une route non-goudronnée avec un précipice à quelques centimètres des roues et un chauffeur qui roule bien trop vite à mon goût. Coup de chance, nous nous arrêtons au bout d’une demi-heure pour prendre une jeune fille à bord, qui n’hésite pas à dire au chauffeur de se calmer, car elle a déjà eu un accident sur cette route et qu’elle en garde beaucoup de traumatismes. Notre Fangio lève le pied de suite, discute avec la demoiselle durant tout le trajet et repartira même avec son numéro de téléphone. Ah, l’amour…

Quant à nous, de retour à La Paz, nous faisons un dernier petit tour dans la ville avant d’organiser la suite de notre périple, à savoir nos séjours sur les îles boliviennes et péruviennes du lac Titicaca, et nos retrouvailles avec un ami qui nous rejoint pour voyager au Pérou avec nous.

Je vous raconterai tout cela dans un prochain épisode. A bientôt pour de nouvelles aventures !

Les photos de cet article se trouvent dans l’album "Bolivie", à la rubrique "La Paz".

 


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11 réponses

  1. Bravo pour ces magnifiques photos qui nous font rêver !! j'ai hâte de voir la suite.... bonne route....Bizzz.....P.

  2. Je trouve que votre cigogne a bonne mine: l'air de Cuzco lui a fait du bien pour sûr :)
    Bon, il faudrait surveiller un peu son copin lama, (un coup de foudre est si vite arrivé) des fois qu' elle déciderait de rester...
    Vous aussi vous êtes beaux comme la LIBERTE.
    Bisouxxx
  3. Quel bonheur de vous suivre ainsi à la trace au fil des images et des commentaires au style vif, imagé, poétique, évocateur. Les cours d'espagnol vous ouvrent en effet l'indispensable sésame pour approcher de manière authentique les habitants et leurs coutumes, leurs interrogations, leur quotidien sans le filtre d'un guide. Bravo pour ce premier tiers accompli avec brio. Bises à vous deux. Gérard
  4. Photos toujours aussi belles et surréalistes !
    J'adore celle avec les petits bonnets ;-))
    Enormes bisous à tous les deux...
  5. Photos toujours aussi magnifiques et surréalistes !!
    J'adore celle avec les petits bonnets ;-)
    Enormes bisous à tous les deux...
  6. Trop sympa les bonnets : donc si je comprends bien, si tu as envie d'une petite aventure et que tu es marié (e) tu mets le bonnet de célibataire ou la jupe colorée et le tour est joué !Et quand tu redeviens sage tu ressorts la jupe "j'aime mon mari" ou le bonnet "il ni a que ma femme qui compte"

    ovous aime , on aime vos photos et on en redemande !!!

    Plein de bisouxxx de la ville de Strasbourg, capitale de Noël et capitale de...(ben c'est tout :)
  7. Coucou Jenny,
    Après deux mois d'oubli, je me suis replongée dans THE AGENDA spécial "NE M'OUBLIE PAS".
    Résultat : j'ai oublié de m'inscrire au Marathon du Vignoble, j'ai pas fait de trottinette au slow up et j'ai oublié de refaire la déco de mon appart...
    Du coup, j'ai anticipé en lisant les 15 prochains jours .. le plan "j'ai trop de grenouilles" est mort dans l'oeuf ... Cat et Dom n'ont rien trouvé de plus sympa que de nous offrir deux magnifiques spécimens vivants qui mangent... des criquets vivants ! Bref, pour nous venger, nous les avons surnommé "Cat & Dom".
    Quant à la soirée "filles" en terrasse, c'est pour demain soir !

    Gros bisous et à bientôt de lire des nouvelles aventures
    Fatiha (qui pense bien à toi, mais qui ne t'envie toujours pas !)
  8. Formidables aventures une pensee pour mon fils spirituel en ce 21juin fete de la musisue et forcement st rodolphe!!!!! Don moutchachos
  9. On suit... les copains journalistes aussi... A nous tous et grâce à toi, on s'échappe...
    On vous embrasse
    Sylvie, Christine et aurélie
  10. Yes, bientôt le choque. Bientôt le Km 27, les fourmis, les papillons, les orchidées, le fougueux Béto.
    Vamos !
    Z'avez fait la route de la mort ?
    PS: paraitrait que le pont du choque a été emporté par une crue.
  11. J'avoue, j'me suis un peu marrée à la lecture de "cela fait un petit moment que nous n'avons pas randonné".
    J'me disais ça pas plus tard que la semaine dernière ;0))))))
    Bafouille prétexte à vous embrasser tous les deux.
    Bises !

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